ATTENTION, CHÈRE SUISSE!

Trop petite pour agir,  ou trop vulnérable pour attendre?

par Mathis Wackernagel

Ceci est une proposition de plan d’action. Un plan inédit, conçu autour de la nécessité de prendre en compte ces facteurs déterminants et néanmoins largement ignorés qui marquent notre époque : le changement climatique et les pressions qui s’exercent sur les ressources naturelles. La Suisse est un modèle envié de succès économique. Ce succès perdurera si nos choix d’action pour l’avenir sont judicieux. Mais le seront-ils ?

Le paradoxe actuel des ressources

En dépit de ses ressources naturelles limitées, la Suisse jouit d’une des économies les plus compétitives et innovantes dans le monde, avec un chômage faible, une main d’œuvre hautement qualifiée et l’un des PNB par habitant les plus élevés au monde.1 Mais est-ce que ce succès peut perdurer, compte tenu des contraintes écologiques qui pèsent sur la planète et des multiples impacts du réchauffement climatique ?
Est-il nécessaire de maintenir l’élévation des températures en-deçà du seuil de 2°C ainsi que le stipule l’Accord de Paris sur le climat ?2 Et si nous n’imposons pas de limites à nos émissions de carbone, prenons-nous le risque d’accélérer le changement du climat, aggravant les conséquences sur la disponibilité des ressources et sa volatilité ?

La Suisse est caractérisée par une forte dépendance aux ressources d’importation. Par exemple, le pays consomme deux fois autant de produits alimentaires qu’il ne produit. Au total, la Suisse utilise quatre fois autant de ressources naturelles que ce que ses propres écosystèmes sont capables de régénérer.3 Ceci, alors même que l’Article 73 de la Constitution Suisse stipule que “la Confédération et les cantons œuvrent à l’établissement d’un équilibre durable entre la nature, en particulier sa capacité de renouvellement, et son utilisation par l’être humain.”

Quels sont les choix qui s’imposent, dans le contexte présent de changement climatique et de pression croissante sur les ressources naturelles, pour permettre à la Suisse de conserver sa position économique avantageuse dans le monde ?

Les opinions divergent face à ces enjeux essentiels. La dépendance suisse aux ressources produites à l’étranger représente-t-elle un risque significatif ? Ou bien est-ce sans conséquence, ainsi que les politiques et modèles d’investissement actuels le laissent supposer ? Ces questions cruciales mettent l’accent sur le fait incontournable que la Suisse est à la croisée des chemins. Quelles sont nos options ?

Avant même de fournir des éléments de réponse, nous détaillerons d’abord dans ce document pourquoi le status quo n’est pas viable sur le long-terme. Il est crucial de définir une stratégie de ressources pour la Suisse qui assure de manière stable, et sur le long terme, la satisfaction de ses besoins en nourriture, énergie et transports, et qui soutienne aussi son développement urbain, la stabilité de son économie, son influence positive dans le monde et toutes les autres activités qui contribuent à son succès. Or dans un monde où les ressources naturelles sont surexploitées et où la demande ne cesse d’augmenter, la souveraineté en matière de ressources est appelée à devenir un moteur de plus en plus vital de tout économie vigoureuse.

Les certitudes sur nos ressources naturelles

En dépit des multiples incertitudes auxquelles nous faisons face, nous pouvons déjà nous appuyer sur des faits clairement établis en matière de ressources naturelles.

 Le postulat de Paris

L’Accord de Paris sur le climat signé en décembre 2015 l’a clairement énoncé : le réchauffement du climat ne doit pas excéder 2°C, voire si possible 1.5°C, au-dessus des niveaux de température pré-industriels.

Selon les simulations des modèles climatologiques réalisées par le GIEC, cela signifie que la concentration atmosphérique de CO2e doit rester largement en-deçà de 450ppm.

En 2016, l’atmosphère contient 407 ppm de CO2. Si on inclut les gaz à effet de serre autre que le CO2, la concentration pourrait s’élever déjà à 470 ppm CO2e, selon les estimations. Et l’activité humanité aggrave cette concentration de 2.1ppm par an.

Autrement dit, au rythme actuel, il nous reste entre -10 et 20 ans pour atteindre le plafond énoncé à Paris. « -10 » signifie que les émissions de gaz à effet de serre auraient dû cesser il y a 10 ans.

A Paris, la Suisse a proposé de réduire ses émissions de CO2 de 50% d’ici 2030 par-rapport aux niveaux de 1990. En 2012, elles étaient inférieures de 3% aux niveaux de 1990.

i. La croissance forte de la demande à l’échelle mondiale est une tendance à long terme.

i. La croissance forte de la demande à l’échelle mondiale est une tendance à long terme. Les tendances de fond évoluent très lentement. Les contraintes écologiques ne pourront être résolues qu’aussi progressivement qu’elles ont émergées. Ces contraintes sont le résultat, d’un côté, de l’affaiblissement de « l’offre » de la planète (changement de climat, assèchement des nappes phréatiques, érosion des sols), et d’un autre côté, de l’augmentation de la « demande » (croissance démographique, intensification des infrastructures gourmandes en ressources). Certains pays prennent des décisions dans le but de renforcer leur souveraineté en matière de ressources naturelles, en particulier sur le front énergétique. L’impact de leurs efforts, néanmoins, est très lent à se manifester en raison de l’inertie inhérente aux infrastructures bâties et des délais propres aux évolutions démographiques. En matière d’action globale, la faiblesse actuelle de la coopération internationale semble rendre tout réel effort improbable aujourd’hui.

ii.En dépit des intentions affichées dans l’Accord de Paris sur le climat, les efforts de décarbonisation tardent encore à émerger

ii. En dépit des intentions affichées dans l’Accord de Paris sur le climat, les efforts de décarbonisation tardent encore à émerger à la rapidité et à l’échelle nécessaires pour atteindre les objectifs visés.4 Par exemple, un plan clairement défini et des efforts concertés pour s’émanciper de l’économie carbone font toujours défaut. Il s’agit là pourtant des conditions minimales pour espérer instaurer un mode de développement durable de la planète, de conserve avec la réduction de la consommation actuelle des ressources biologiques.5 La demande de l’humanité — son Empreinte Ecologique6 — est actuellement supérieure de 60% à ce que la planète peut renouveler — sans même prendre en compte le fait que 10 à 100 millions d’espèces animales avec lesquelles nous coexistons sur la Terre ont également besoin d’espace et de ressources pour vivre. Compte tenu des niveaux actuels de ses différents types de demande sur la nature, l’humanité n’opère plus aujourd’hui dans un environnement sûr.7

iii. Le changement du climat et la raréfaction des ressources font de l’économie mondiale un jeu à somme négative.

iii. Le changement du climat et la raréfaction des ressources font de l’économie mondiale un jeu à somme négative. Consommer davantage que ce que la planète peut régénérer de manière durable conduit inévitablement à entamer le capital naturel. Or un capital naturel amoindri conduit à son tour à la réduction de la capacité de régénération des ressources de la planète. Autrement dit, c’est le moteur même de l’économie mondiale qui est affaibli. Ainsi, paradoxalement, continuer à développer une économie mondiale gourmande en ressources est le plus sûr chemin pour menacer la capacité de cette économie à fonctionner. L’économie mondiale devient un jeu à somme négative.

iv. La « Tragédie des Biens Communs » est tragique mais pas communautaire, dans le contexte actuel.

iv. La « Tragédie des Biens Communs » est tragique mais pas communautaire, dans le contexte actuel. Il ne fait aucun doute que ce jeu à somme négative mû par la liquidation des ressources présente des aspects de la « Tragédie des Biens Communs »8, comme les émissions de CO2 causées par les énergies fossiles ou la destruction des ressources halieutiques dans les eaux internationales. Néanmoins, les dynamiques mondiales de gestion des ressources sont régies aussi en grande partie par des facteurs qui ne ressortissent pas de la Tragédie des Biens Communs. Par exemple, la surexploitation des ressources écologiques sur le territoire national, ou encore le développement d’infrastructures gourmandes en ressources—si elles ne peuvent être transformées, ces dernières seront vraisemblablement vouées à un avenir d’avoirs délaissés.

Même s’il est difficile de prédire à quelle échéance ces transitions auront lieu, les conséquences en elles-mêmes sont déjà prévisibles. Il n’en demeure pas moins qu’une action ciblée est un pas d’autant plus difficile à franchir que son impact induira des coûts immédiats alors que les bénéfices n’apparaîtront que plus tard. Des ajustements rapides et automatiques de la consommation des ressources en Suisse sont également improbables, puisque les moteurs du changement sont dépendants de lourds facteurs d’inertie tels que la structure urbaine, l’intensité énergétique des bâtiments, l’infrastructure des transports et les tendances démographiques.

v. Faire mieux que tout le monde en matière de respect de l’environnement n’est pas une assurance sur l’avenir.

v. Faire mieux que tout le monde en matière de respect de l’environnement n’est pas une assurance sur l’avenir. Contrairement à la croyance populaire, la Suisse n’est pas nécessairement un champion mondial en matière de respect de l’environnement. Un rapport réalisé par BakBasel et Global Footprint Network pour le gouvernement suisse, et qui a comparé la Suisse à 13 pays de l’OCDE, en atteste notamment. 9 En admettant que nous faisions effectivement mieux que tous ces pays,10 cela ne suffirait pas néanmoins à protéger automatiquement la Suisse contre les risques liés à l’approvisionnement en ressources écologiques.

vi. L’essentiel dans la course mondiale à la biocapacité est le PNB relatif.

vi. L’essentiel dans la course mondiale à la biocapacité est le PNB relatif. En admettant que la sécurité des ressources soit défendue via les échanges commerciaux plutôt que par des moyens militaires, remporter la victoire dans la concurrence actuelle entre nations pour les ressources écologiques limitées de la planète dépend de la capacité à maintenir, voire à accroître, le niveau de son revenu national par-rapport à ceux des autres pays. Même si l’économie mondiale demeure stable et que l’OMC se comporte en arbitre raisonnable des échanges commerciaux internationaux,11 les enchères autour des ressources écologiques de la planète vont devenir de plus en plus tendues.

Maintenir l’accès à un capital naturel situé hors des frontières nationales et qui se réduit comme peau de chagrin, va devenir de plus en plus difficile pour les économies nationales dont le revenu diminue relativement à celui du reste du monde. Ce cas de figure s’applique déjà à la plupart des pays à haut revenu parrapport aux économies émergentes. Le contribuable suisse empoche aujourd’hui une portion du revenu mondial qui est inférieure de 30% à ce qu’elle était il y a 25 ans, et 45% en-deçà de ce qu’elle était il y a 35 ans. Aussi la Suisse se trouve-t-elle dans une situation a priori inextricable : ses agents économiques disposent de moyens en perte de puissance relative alors même qu’ils se trouvent confrontés à une concurrence de plus en plus forte pour des ressources en diminution.

vii. Viser une victoire perpétuelle au jeu du PNB relatif est une stratégie fragile.

vii. Viser une victoire perpétuelle au jeu du PNB relatif est une stratégie fragile. Peut-être la Suisse est-elle capable de remporter la victoire économique contre les autres pays pour encore de nombreuses décennies. Mais elle n’a aucune garantie de pouvoir maintenir sa position sur le long-terme.

viii. Quitter le jeu actuel comporte également des risques et des coûts significatifs.

viii. Quitter le jeu actuel comporte également des risques et des coûts significatifs. Choisir de ne pas participer à la compétition internationale signifie quitter l’économie mondiale. Or cela empêcherait la Suisse d’avoir accès aux ressources dont elle a besoin pour fonctionner, et de produire les relations de bonne volonté dont les échanges commerciaux de la Suisse dépendent. Comment la Suisse peut-elle continuer à jouer un rôle actif dans le monde tout en réduisant sa dépendance ?

ix. La Suisse ne peut pas se reposer sur des mécanismes d’autocorrection.

ix. La Suisse ne peut pas se reposer sur des mécanismes d’autocorrection. Les forces de marché ne fournissent pas nécessairement de retour suffisant pour assurer des résultats économiques robustes. Quatre mécanismes significatifs d’autocorrection du marché sont : les prix, les technologies, le niveau de revenu, les échanges commerciaux. Tous les quatre sont des mécanismes de substitution. Des prix plus élevés vont réduire ou modifier la demande ou stimuler l’innovation. Les échanges commerciaux nous permettent de surmonter les contraintes locales. Et de fait, certaines substitutions de ressources sont possibles. Par exemple, l’habitat peut être construit en brique, pierre ou bois. On peut manger du poulet ou du tofu au lieu de poisson.

Ces mécanismes, néanmoins, ne sont pas assez puissants ni rapides pour soutenir une autorégulation dans un contexte d’augmentation rapide du déficit écologique mondial. Les prix, par exemple, ne réagissent pas nécessairement de manière adéquate dans le cas de la dynamique carbone. Il existe de nouvelles technologies transformatives comme les panneaux photovoltaïques, mais ceux-ci prennent du temps à atteindre des économies d’échelle satisfaisantes. Il est important de considérer la possibilité que le marché peut échouer à s’autoréguler car ces échecs peuvent être lourds de risques et de coûts. Il serait désastreux pour la Suisse de se croire à l’abri des chocs provoqués par la raréfaction des ressources. Certes, la Suisse est un cas unique—mais est-elle véritablement trop petite, trop riche, trop singulière et trop réputée sur la scène internationale pour être protégée à jamais de l’échec ?

Biocapacité: l’ultime ressource

L’Empreinte Ecologique est la surface biologiquement productive qui est requise pour satisfaire aux besoins de l’humanité: fruits et légumes, viande, produits de mer, bois, fibre, absorption de dioxyde de carbone, espaces pour les bâtiments et les routes. La biocapacité est la surface productive disponible où sont régénérées les ressources naturelles consommées. Si les énergies fossiles cessent un jour d’être utilisées—ainsi que de nombreux scénarios l’anticipent— la biocapacité sera essentielle non seulement pour nous nourrir, mais aussi pour nous vêtir et satisfaire dans une certaine mesure à nos besoins en énergie. Aussi, analyser la dépendance matérielle d’une économie à la biocapacité va devenir crucial pour appréhender la dépendance matérielle de cette économie.

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Puisque la Suisse, comme toute économie, ne peut aisément s’affranchir de sa dépendance aux ressources, elle peut investir à bon escient en se préparant à un futur prévisible. Au vu des tendances immuables des ressources, il est dangereux de compter uniquement sur le commerce international comme s’il s’agissait d’une source illimitée. Plus précisément, si les relations commerciales entre pays deviennent moins fiables, comment la Suisse comblera-t-elle la différence entre les besoins de ses résidents et les ressources disponibles sur son territoire national ?

Reconnaître ce dilemme revient à admettre que la richesse nationale en ressources écologiques deviendra un facteur important de vitalité et de résilience économique sur le moyen et long terme. Cela devrait encourage chaque ville et chaque pays à employer des stratégies pour prévenir ou résoudre les risques issus des déficits écologiques.

Comment assurer le succès de la Suisse ? Comment pouvons-nous échapper au piège des ressources ? Comment éviterons-nous de devenir otages de notre dépendance aux ressources ?

Voici notre réponse ci-dessous.          

Pour réussir, la Suisse doit choisir la voie du succès

Nous vivons dans un monde où les activités humaines consomment davantage de ressources que ce que les écosystèmes naturels peuvent régénérer de manière durable. Il ne peut y avoir de stratégie économique fructueuse sans prise en compte de ces circonstances. Notre recommandation, pour la Suisse ou pour n’importe quelle communauté, est de développer sa stratégie selon la séquence des cinq étapes cidessous.

1) S’engager au succès.

1) S’engager au succès.

Le point de départ de toute victoire est un engagement sans faille à atteindre cette victoire. Un tel engagement requiert la conviction que quitter notre voie actuelle pour en emprunter une autre est une possibilité réelle. Car se contenter seulement de faire moins pire que les autres pays dans un monde dont les ressources naturelles s’amenuisent et s’érodent, revient à se résigner à être le dernier perdant dans un jeu où personne ne gagne.

L’élaboration d’une stratégie gagnante doit s’échafauder autour de la réponse à cette question essentielle : Que doit-on mettre en place pour créer un monde qui fonctionne? Dans un monde globalisé, un “monde qui fonctionne” signifie véritablement “un monde qui fonctionne pour tous.” La raison est évidente : si nos solutions suscitent des conflits, l’effet boomerang négatif est inévitable.

A partir du moment où nous nous engageons au nom d’un monde qui fonctionne pour tous, et où nous prenons acte du fait que nous érodons actuellement de manière irrépressible les ressources dont nous dépendons pour exister, la prise de décision repose désormais sur cette préoccupation fondatrice : Que nous faut-il faire pour que chacun sur cette Terre ait accès à une existence prospère dans le contexte strict des ressources que nous offre la planète de manière durable?

2) Penser en termes de richesse de la société, au lieu de revenu.

2) Penser en termes de richesse de la société, au lieu de revenu.

On s’est traditionnellement polarisé sur la maximisation immédiate du revenu, mesuré par le PNB, alors qu’il convient au contraire de s’intéresser à notre capacité future de générer du revenu. Cette capacité est ce que les économistes appellent « richesse ». La richesse d’une société est le moteur de sa productivité future. Bâtir un monde qui fonctionne pour tous requiert de ne pas liquider notre capital naturel pour des gains à court-terme, et de déplacer notre objectif de la maximisation de revenu vers la création de richesse. Et tout particulièrement de richesse en capital naturel, puisque ce dernier sous-tend tout activité économique. Il s’agit d’un actif indispensable et complémentaire aux actifs issus de l’activité humaine. Pour augmenter notre revenu, il nous faut davantage de ressources naturelles renouvelables qui soutiennent l’expansion de nos activités. Or nous faisons précisément le contraire. Nous surexploitons la nature afin de réaliser des gains rapides et sur le court-terme. Bâtir sur des terres arables, surexploiter les ressources halieutiques, émettre plus de CO2 dans l’atmosphère que la nature ne peut absorber,… Tout cela nous permet de générer du revenu dans l’immédiat mais compromet aussi les opportunités futures de revenu.

3) Ce qui a de la valeur doit être mesuré

3) Ce qui a de la valeur doit être mesuré

La souveraineté en matière de ressources revêt une importance significative pour la résilience économique nationale dans un monde marqué par les pressions sur les ressources et le changement du climat. La gestion de notre situation en matière de ressources requiert avant toutes choses de mesurer le niveau de nos ressources propres. Le but étant d’élucider dans quelle mesure nous vivons dans les limites de ce que la nature peut fournir de manière durable. L’Empreinte Ecologique12 est un outil de comptabilité biophysique conçu pour apporter cette réponse. Les données permettent ensuite d’établir des objectifs pertinents tels que le déficit en ressources naturelles optimal pour la Suisse.

4) Evaluer si les politiques publiques et les stratégies d’investissement servent les objectifs fixés

4) Evaluer si les politiques publiques et les stratégies d’investissement servent les objectifs fixés

Cela signifie que chaque opportunité de dépenser l’argent public, ou d’investir des francs suisses privés, doit être évaluée pour définir si elle améliorera notre sécurité en matière de ressources tout en générant des gains économiques ou financiers. Compte tenu des contraintes budgétaires et du gouffre entre notre Empreinte Ecologique actuelle et celle qui devrait être la nôtre si la Suisse était en mode de développement durable, il est possible de calculer quelle avancée nous voulons accomplir avec chaque franc dépensé ou investi. Dans la mesure où de nombreuses parties de notre budget sont verrouillées et ne contribuent pas à améliorer notre sécurité en ressources, la pression est d’autant plus forte sur les autres portions du budget pour qu’elles soient des outils efficaces au service des objectifs.

La fenêtre ci-dessous donne un aperçu de la manière dont ces évaluations peuvent être réalisées.

LES OUTILS DU SUCCÈS

Des outils de décision sont nécessaires pour aider les agences gouvernementales et les investisseurs privés à choisir les options politiques ou d’investissement les plus effectives qui soient. Ces options sont celles qui peuvent améliorer notre sécurité en ressources tout en générant des retours économiques positifs.

Ces outils se situent sur deux dimensions :

  1. D’un côté, la comptabilité des ressources comme l’Empreinte Ecologique, ou la comptabilité carbone, est nécessaire pour évaluer l’impact des politiques, projets ou programmes sur la réduction de la dépendance de l’économie aux ressources.
  2. D’un autre côté, les évaluations coûts-bénéfices détaillées permettent de définir les bénéfices économiques nets de ces initiatives. Une comptabilité financière plus complète implique une amélioration sur deux points. Premièrement, elle doit prendre en compte les estimations de l’avenir du client puisque c’est bien là le contexte dans lequel l’investissement opèrera. En second lieu, il convient de s’assurer que tous les coûts et bénéfices afférents sont pris en compte, y compris le nettoyage de la pollution (coût) ou la formation à de nouvelles compétences (bénéfice). Nous appelons ce type d’évaluation coûts-bénéfices NPV PLUS.

Des investissements pertinents sont ceux qui satisfont à la fois au critère fiscal et au critère des ressources. En d’autres termes, il n’est pas question d’austérité ou de stimulus, mais de s’assurer que chaque investissement est capable de générer un double retour: réduction de l’Empreinte Ecologique ET viabilité financière.

Nachhaltige Anlagen müssen sowohl Ressourcen-, als auch finanziellen Kriterien genügen. Es geht damit nicht um das Sparen oder Stimulieren. Sondern wir müssen dafür sorgen, dass jede Investition einen doppelten Nutzen erzielt: Fussabdruckreduktion und Finanzierbarkeit.

5) Anticiper: Vitesse et envergure.

5) Anticiper: Vitesse et envergure.

Agir au nom d’un avenir résilient ne peut se limiter à des choix de vie, mais doit être le moteur essentiel d’une stratégie conçue pour gagner. Une telle stratégie requiert un nouvel état d’esprit : celui d’une approche systémique. Par exemple, les aspects de notre système économique qui ne peuvent être modifiés que lentement et sur le long terme, comme l’infrastructure et les tendances démographiques, doivent être ciblés en priorité. En effet, il est impossible de les influencer au dernier moment.

EXEMPLE: Energie: Des demains lumineux sont possibles

La Suisse ne produit aujourd’hui qu’une fraction de son énergie électrique

(essentiellement hydraulique.) L’hydro énergie couvre 40% des besoins de la Suisse en électricité. Le reste, y compris tous les carburants et à l’exception d’un peu de copeaux de bois, provient de l’étranger. En outre, l’Accord de Paris sur le climat a souligné la nécessitée d’abandonner les énergies fossiles d’ici 2050 voire plus tôt. Et puisqu’il apparaît aujourd’hui que l’avenir des transports sera électrique, la demande en électricité promet d’augmenter de manière drastique. La politique énergétique actuelle de la Suisse est sévèrement inadaptée pour relever ce défi. Quelles sont les options de la Suisse? A quel rythme et avec quelle envergure doit-elle envisager de progresser dans le domaine énergétique ?

Dans son livre « Zwischen Ressourcenverknappung und Versorgungssicherheit: Zur Zukunft der schweizerischen Energieversorgun » (Entre la rareté des ressources et la sécurité d’approvisionnement : sur l’avenir de l’approvisionnement énergétique suisse ), Prof. François Cellier détaille le gouffre actuel entre les besoins énergétiques d’une Suisse qui opèrerait sur un mode durable et notre programme énergétique actuel. De son côté, Prof. Gunzinger a démontré qu’une stratégie d’énergie renouvelable est non seulement possible mais offrirait des avantages économiques nets à la Suisse.

Rechsteiner et Swiss Cleantech ont confirmé cette analyse. Et 2000 W Society est déjà un pionnier fondateur de la transformation.13

La Suisse va-t-elle embrasser ce champ des possibles ? Quel intérêt avons-nous au status quo ?

Pourquoi il est risqué de s’en tenir aux options du passé

Nous vivons dans un monde qui requiert des perspectives nouvelles. Cela ne nous empêche pas de tirer les enseignements d’initiatives passées destinées à maintenir la Suisse sur la voie de la prospérité, et d’en retenir les meilleurs aspects. Six réponses archétypes illustrent comment des idéologies et des perspectives différentes ont imaginé de relever le défi des ressources limitées et d’améliorer la sécurité en ressources de la Suisse.

Stratégie Conventionnelle  Limites
« Se retirer du monde, » et limiter la participation à l’économie globale autant que faire se peut (quitte à réduire le niveau de vie) afin d’éviter l’impact négatif de la concurrence féroce pour les ressources. Le risque serait certain car on ne quitte pas ainsi l’économie mondiale aisément, pas plus qu’on n’en modifie seul les règles. En outre, la Suisse est fortement dépendante des ressources d’importations (sa consommation est le quadruple de ce que ses écosystèmes fournissent.) De plus, un tel retrait ne serait pas le remède aux dynamiques mondiales, ni ne protègerait nécessairement la Suisse de leur impact néfaste. Un retrait précoce pourrait même coûter très cher à la Suisse.
« Forger des relations privilégiées avec des fournisseurs de ressources. » Une manière de garantir à la Suisse des flux suffisants de ressources serait de développer des contrats bilatéraux à long terme avec des pays riches en

biocapacité. Cela signifierait un rôle singulièrement accru du gouvernement puisque les importations de ressources sont actuellement orchestrées en très large partie par les acteurs privés.

Cette stratégie risque d’être perçue d’entrée comme une menace à la position de neutralité si chère à la Suisse. Elle ne pourra fonctionner que si :

  1. les pays concernés s’accordent avec les intérêts spéciaux de la Suisse et les contrats peuvent être maintenus sans subordination des gouvernements étrangers ou incompatibilité avec les autres obligations internationales de la Suisse ; uniquement si les voies commerciales sont sécurisées, et si
  2. la relation spéciale avec chaque pays fournisseur est vue favorablement par les Suisses.

La négociation de tels contrats à long terme promet d’être un défi politique, y compris au niveau national, et exigerait des investissements significatifs du gouvernement. La Suisse est-elle prête ?

“Embrasser l’hyper-croissance,” et faire chauffer la machine de production de plus en plus fort afin de toujours maintenir son avance sur les économies émergentes. Car être gagnant dans la concurrence pour les ressources implique d’accroître le revenu relatif de la Suisse par-rapport aux autres pays le plus longtemps possible. Accélérer l’expansion économique de la Suisse pour maintenir sa position par-rapport aux pays

émergents risque d’être difficile sur le long-terme. La Suisse maintient déjà un fort avantage compétitif grâce à des stratégies qui lui sont propres et difficiles à reproduire ailleurs. Malgré cela, ses taux de croissance sont bien inférieurs à ceux des marchés émergents. A ce titre, il semble irréaliste d’attendre de nouvelles stratégies capables d’accélérer le PNB de la Suisse au-delà de ceux des économies émergentes. En outre, si ces stratégies requièrent encore plus de ressources pour réussir que ce que nous consommons déjà, il faudrait que les gains en termes d’avantage économique suivent une croissance d’autant plus élevée pour que le jeu en vaille la chandelle.

“Ne pas mettre ses œufs dans le même panier,” toujours maximiser les avantages issus de la participation à l’économie mondiale grâce a la force de la marque suisse14 aussi longtemps que possible, tout en bâtissant un fond souverain en guise d’assurance sur l’avenir. Ce fond souverain, qui capitalise sur les gains économiques actuels, doit être suffisamment conséquent pour permettre à la Suisse de reconcevoir son économie le moment venu. Il donne à la Suisse les moyens de réagir lorsque c’est nécessaire. Le risque inhérent à cette approche est que l’ajustement tardif de l’économie peut soit permettre de réaliser des économies grâce au progrès des technologies, soit coûter beaucoup plus cher dans la mesure où la transformation des infrastructures prendra du temps et, à ce titre, s’adaptera mal aux contextes politiquement volatiles de l’approvisionnement tendu en ressources. En outre, existe-t-il aujourd’hui une volonté politique suffisamment forte pour assigner une portion significative des revenus vers un fond souverain destiné à être utilisé à une période ultérieure indéterminée ?
« Miser immédiatement sur l’efficacité extrême de l’utilisation des ressources. » Autrement dit, déployer les meilleures technologies disponibles afin de réduire la dépendance de la Suisse aux ressources d’importation. Cela permettrait aussi de faciliter la transition hors de l’économie mondiale si cela devait s’avérer nécessaire. Cette approche peut se résumer à un glissement de « plus de beurre, moins de fusils ,» selon la métaphore de l’économiste Paul Samuelson,15 vers « moins de beurre, plus d’infrastructure post-pétrole. » Elle inclue des projets comme « l’intensification durable » de l’agriculture qui vise à accroître la production tout en réduisant la pression de l’agriculture sur l’environnement.   L’intensification a un prix, et l’utilisation raisonnée des ressources exige des efforts supplémentaires.  En effet, la difficulté inhérente à cette approche est que l’utilisation plus efficace des ressources pourrait nécessiter davantage de main d’œuvre, réduisant d’autant la productivité et les salaires. Il n’existe aujourd’hui aucune solution satisfaisante à ce dilemme—après tout, la croissance des gains de productivité a été rendue possible dans l’Histoire par le recours à l’énergie et aux ressources bon marché. Sans ces conditions, les salaires élevés pourraient-ils être maintenus ? Une variante de cette stratégie pourrait consister à investir lourdement dans l’utilisation efficace des ressources à travers toutes les chaînes de valeur des ressources importées en Suisse.
“Encourager les consommateurs à adopter et à promouvoir l’autosuffisance”. Le bienêtre ne requiert pas autant de ressources que nous consommons actuellement. En fait, de nombreuses études sur le bonheur montrent que les facteurs les plus durables du bonheur, une fois que les besoins essentiels sont satisfaits, ne nécessitent que très peu de ressources. La Suisse a certainement l’opportunité de réduire sa consommation sans mettre en péril le bien-être de sa population. Il est possible de réduire la consommation de manière sensible à travers la rééducation des habitudes et des comportements. Mais il est impossible d’affirmer que l’impact ne serait satisfaisant ni qu’il serait de longue durée. Par exemple, les ménages californiens ont récemment réduit leur consommation d’eau de 24% par-rapport à l’année précédente, en réponse à quatre ans de sècheresse—l’une des pires dans l’histoire de l’Etat. Néanmoins, les réductions substantielles d’Empreinte Ecologique à travers les seules modifications de comportement sont rares. Elles requièrent l’introduction de nouveaux contextes, comme par exemple emménager dans un environnement urbain conçu pour offrir une excellente qualité de vie tout en mettant à la portée des résidents de multiples options de consommation en harmonie avec les principes de développement durable.

Chacune des options décrites ci-dessus est intéressante en soi. Mais aucune ne constitue en elle-même une solution magique. Le but de ce document est de suggérer comment combler les lacunes.

En conclusion

Maintenir la Suisse sur la voie du succès économique dans un monde marqué par les pressions sur les ressources naturelles et par le changement du climat requiert des approches nouvelles. Il ne s’agit pas d’un plaidoyer pour l’augmentation des investissements ou l’injection de nouveaux fonds. Au contraire, nous soutenons que la transformation est aussi faisable financièrement qu’elle est nécessaire, et n’implique aucune augmentation des dépenses. En revanche, elle exige une réallocation des budgets existants. Afin de lancer la machine, il sera nécessaire de définir les priorités et de remporter suffisamment de points gagnants dans les premiers temps pour mettre en avant les performances encourageantes réalisées à la fois en termes de sécurité des ressources et de retour sur investissement. Le succès est possible. Abandonnons la mentalité du « dernier perdant ». Décidons de nous engager entièrement dans la réalisation d’une vision commune pour des « existantes prospères pour tous, dans les limites du budget de la nature. »

La balle est désormais dans votre camp : Qu’est-ce que votre amour de la Suisse vous inspire concernant un niveau optimal de sécurité des ressources pour le pays? Comment envisagez-vous que les Suisses créent cette sécurité ?

EXEMPLE : Des questions à se poser sur la sécurité alimentaire

Contexte :

  1. La population mondiale devrait atteindre 9 à 10 milliards d’ici 205016.
  2. La Suisse importe actuellement la moitié de ses ressources alimentaires.
  3. L’Accord de Paris sur le climat requiert la modification des pratiques agricoles afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre autres que le carbone, et pour émanciper l’agriculture des intrants issus des énergies fossiles. Simultanément, l’élévation des températures risque de menacer le volume des récoltes.
  • En admettant que les éléments ci-dessus soient des faits avérés, comment envisageons-nous que la Suisse puisse jouir d’une sécurité alimentaire optimale sans émettre davantage de carbone que ses écosystèmes sont capables d’absorber ? Qu’est-ce que cela signifie pour nous aujourd’hui?
  • Comment devons-nous réévaluer notre système alimentaire?
  • Quels devraient être nos objectifs, compte tenu que notre population pourrait atteindre 10 millions de personnes d’ici 2050, selon de nombreuses estimations?
  • Pensez-vous que la Suisse doive envisager sa sécurité alimentaire de manière proactive, ou estimez-vous que ses ressources financières lui permettront toujours de se procurer hors des frontières de quoi satisfaire ses besoins
  • Est-ce que cela signifie l’exploitation par la Suisse des ressources alimentaires d’autrui aux dépens de celui-ci, ou bien une relation mutuellement bénéfique grâce, par exemple, à l’augmentation de la production grâce à l’investissement suisse ?Est-ce que nos stratégies demeurent valables si on prend en compte la nécessité, dans un avenir proche, de produire, récolter, stocker et distribuer les produits agricoles sans le recours aux énergies fossiles?

NOTES DE FIN

NOTES DE FIN

1 Over the last century, the Swiss economy has been a strong performer. Despite the country’s natural resource limitations (water, hydropower and some agriculture notwithstanding) Switzerland has built a powerful and robust economic engine that is tightly integrated into the global economy. Through these trade relationships, Swiss businesses have been able to secure all the resources they needed. They could afford it thanks to their competitive advantage built on specialization, brand-management, a highly skilled labour force and innovation.

2 Pour plus d’informations, consultez https://www.ipcc.ch/pdf/assessmentreport/ar5/wg3/WG3AR5_SPM_brochure_fr.pdf et http://www.actu environnement.com/ae/news/rapportgiec2cemissionsgestemperatureshausse21395.php4

3 For more information on natural resource demand from a Footprint perspective, visit footprintnetwork.org. Other resource data sets are available from the World Resources Institute at www.wri.org/resources/data sets.

4 Switzerland’s commitment is available at http://www4.unfccc.int/submissions/INDC/Published%20Documents/Switzerland/1/15%2002%2027_ INDC%20Contribution%20of%20Switzerland.pdf. Data on Switzerland’s emissions, reported by UNFCCC are available here: https://unfccc.int/files/ghg_emissions_data/application/pdf/che_ghg_profile.pdf.  The independent assessment by Climate Action Tracker rates the Swiss performance as “medium” – stating that “With currently implemented policies and measures, Switzerland will neither be able to meet its pledge nor its INDC.” http://climateactiontracker.org/countries/developed/switzerland.html.

5 As fossil fuel is becoming less of an option, the economy will have to rely increasingly on renewable resources. Minerals and metals will be less of an immediate concern as deeper mines will give access to those resources, but this comes at the cost of using more energy, which without fossil fuel is mainly limited by renewable potential. Renewable resources are direct sunlight, as well as indirect sunlight, i.e., biological resources (or biocapacity) and wind/water energy.

6 Mathis Wackernagel et Bert Beyers 2016. „Footprint: Die Welt neu vermessen.“ (eben erschienene aufgefrischte Version): http://www3.europaeischede/content/footprintdieweltneuvermessenneuausgabe2016mitaktuellenzahlenundkommentaren/mathis or visit www.footprintnetwork.org

7 See Rockström, J., Steffen, W., Noone, K., Rersson, A., Chappin, F. S. I., Lambin, E., Lenton, T. M., Scheffer, M., Folke, C., Schellnhuber, H. J., Nykvist, B., De Wit, C. A., Hughes, T., Van Der Leeuw, S., Rodhe, H., Sornlin, S., Snyder, P., Constanza, R., Svedin, U., Falkenmark, M., Karberg, L., Corell, R. W., Fabry, V. J., Hansen, J., Walker, B., Liverman, D., Richardson, K., Crutzen, P. & Foley, J. 2009. Planetary boundaries: exploring the safe operating space for humanity. Ecology and Society, 14; An updated version is available at Steffen, W.; Richardson, K.; Rockstrom, J.; Cornell, S. E.; Fetzer, I.; Bennett, E. M.; Biggs, R.; Carpenter, S. R.; de Vries, W.; de Wit, C. A.; Folke, C.; Gerten, D.; Heinke, J.; Mace, G. M.; Persson, L. M.; Ramanathan, V.; Reyers, B.; Sorlin, S. (2015). “Planetary boundaries: Guiding human development on a changing planet”. Science 347 (6223). doi:10.1126/science.1259855

8 A tragedy of the commons is a situation in which benefits are concentrated and costs are diffused. For example, fishing in a public pond, the more I fish, the more fish I get. But there is less for the others, and it may eventually erode the entire fish stock to the detriment of all. Similarly, CO2 emissions are a tragedy of the commons because, as the emitter gets the benefit of fossil fuel use. But the costs of climate change are put on all of humanity.

9 For more information see: http://www.are.admin.ch/dienstleistungen/04135/05243/index.html?lang=de (It includes a longer report, in English, French and German, Global Footprint Network and BakBasel produced for the Swiss ministries).

10 Austria, Belgium, Chile, Czech Republic, Denmark, Germany, Ireland, Italy, Netherland, Norway, Sweden, UK, USA.

11 In view of the immovable resource trends, it could become more problematic to rely solely on international trade as the “endless” resources provider. If competition for resource access stiffens or trade relationships become less reliable, how will Switzerland be able to bridge the gap between the residents’ resource consumption and the domestic resource availability? Would recognizing this dilemma require us to recognize domestic resource endowment as a driver of economic vitality and resilience? Does it encourage each investor, whether private or public, to employ strategies that can address risks emerging from biocapacity deficits?

12 The Ecological Footprint (or Footprint) adds up all human demands on nature that compete for biologically productive space: providing biological resources, accommodating urban infrastructure or absorbing excess carbon from fossil fuel burning. The Footprint is compared with all the available biologically productive space (biocapacity). Both can be calculated at the global, national, local and personal levels. To make them comparable, they are expressed in a standardized unit: global hectares – biologically productive hectares with world average productivity in a given year

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14 Currently, a large portion of the value-added of a supply chain goes to the brand-holder of the final product. This underlines the significance of maintaining a strong brand. But it is not clear whether brandadvantages can be maintained over the long-run.

15 “At least since Paul Samuelson first published his famous, standard-setting textbook in 1948, it has been popular to label the two goods in question “Guns” and “Butter.” This dichotomy, which probably has its origins in political discussions about the costs of military build-ups prior to the First World War, captures the very real trade-off societies typically face in the allocation of resources between national defense and private consumption goods. This same basic trade-off applies to all goods and services produced by the government.” Al Broaddus, President, Federal Reserve Bank of Richmond, https://www.richmondfed.org/~/media/richmondfedorg/publications/research/region_focus/2003/su mmer/pdf/noteworthy.pdf

16 http://www.un.org/en/development/desa/news/population/2015html